(Pop,Chanson) Florent Marchet - Courchevel - 2010, MP3, 320 kbps

Une vocation contrariée ? Pas tant que ça. Quand il était petit Florent Marchet rêvait doucement de devenir joueur d’harmonica au bord de la rivière. Un signe du destin : c’est finalement sur les bords de la rivière Gargilesse dans un petit village du même nom qu’il finalise son premier album. Dans ce petit village de son Berry natal, il s’est réapproprié les enregistrements réalisés à Bruxelles dans la douleur. Il y a retravaillé les morceaux, les a réarrangés jusqu’à ce qu’ils lui ressemblent. Et a baptisé l’ensemble « Gargilesse ».
Gargilesse, un nom qui décidément le porte.
L’artiste n' a pas cherché sa voie très longtemps. A 2 ans, il assiste avec ses parents à son premier printemps de Bourges et au festival d’Avignon ; à 5, il apprend à jouer du piano ; à 16, il écrit ses premières chansons.
A Paris, la philosophie n’aura qu’un temps. Le jeune étudiant abandonne rapidement les bancs de la Sorbonne pour les micros des piano-bars. Il apprend la guitare, la basse, l’accordéon… Puis en 2001, il s’enferme dans son appartement de Montreuil. Entre ses guitares, son piano et son ordinateur, il compose, il écrit, il se crée un univers.
En 2003, il signe avec un label et peut enfin songer à enregistrer son premier album.
Et s’il ne garde pas un excellent souvenir de la première partie du travail en studio en Belgique – les enregistrements étaient trop aseptisés à son goût –, il n’hésite pas à se replonger à corps perdu dans le travail. Il réenregistre presque tous les titres, à sa manière, dans le Berry. Et nous offre « Gargilesse » un opus à la plume affinée et aux accents sincères. Un disque qui ressemble à son histoire.

Après avoir rencontré le succès avec Rio Baril, son second opus (chez Barclay/universal), Florent Marchet s'attelle au fameux tournant du troisième album et en profite pour afficher toujours plus d'indépendance.
Armé de 11 bombes d'ecriture cisellées artisanalement, à la précision chirurgicale, le voici lancé dans le bilan de sa vie du haut de ses 35 années.
Il passe en revue ses souvenirs d'enfance (sa jalousie à l'égard d'un camarade de classe qui passait ses vacances à Courchevel mais fianalement pas si heureux que ça) , ses amours ratées (Roissy) ou non (la charrette), sa famille (pourquoi êtes-vous si triste? ) des faits divers tragiques (narbonne-plage), ses amis (benjamin), son ”métier” (l'idole) et termine par un bilan complet (qui je suis ?).
Il emaille toutes ses confidences chantées de sa belle voix claire, tantôt tranchante ou caressante, toujours sur le fil, d'arrangements classieux, extrêmement riches à base d'instruments très variés et d'ambiances maîtrisées de bout en bout.
A l'image du label Nodiva qu'il vient de fonder au sein de Pias, un album exigeant, riche et plein d'une humanité à fleur de peau.
A 35 ans, Florent Marchet prend son indépendance ! Grand Bien lui a fait. On attend avec impatience la suite de ses aventures.
Avec sa pochette qui évoque vaguement celle du dernier disque d'Erik Arnaud, "Courchevel" se présente un peu de la même manière que ses deux prédécesseurs (Gargilesse et Rio Baril) , à savoir un disque en forme d’histoire(s), avec des chansons qui se répondent et forment un tout.
Si "Rio Baril" racontait une histoire de vies en province, dans une petite ville où tout le monde se connaît, "Courchevel" fonctionne aussi en mode portrait sur le ton des regrets, de la frustration ou de la mélancolie. Car oui, les chansons de Florent Marchet ne sont pas très gaies, oui elles sont même plutôt tristes, mais elles ont l’immense mérite de vous parler, de vous raconter des choses de notre époque, assez réalistes, loin de la nostalgie de pacotille d’un Bénabar, par exemple. Des chansons qui, comme souvent, ont une résonnance littéraire, et qui se présentent un peu comme des nouvelles racontées à chaque fois du point de vue d’une personne différente, même si je trouve globalement les textes moins forts que sur "Rio baril".
Côté musique, on découvre des arrangements plus riches, une instrumentation plus ample que par le passé, avec l’utilisation nouvelle de sonorités électroniques sur quelques titres.
Globalement, s’il l‘on retrouve encore les même leitmotivs, les mêmes obsessions que sur "Rio Baril" (c’est d’ailleurs mon principal regret, j’aurais aimé que F. Marchet aille vers autre chose…), c’est plus côté musique que la différence se fait réellement sentir avec des harmonies plus amples, une voix plus assurée que jamais, une douce rondeur qui devraient permettre à cet auteur français de connaître un succès encore plus grand avec ce nouvel album.
7/10